Par Antonin - Le 31-10-2022
Tout ce que vous devez savoir sur le biais de rétrospection et les paris sportifs
Dans le cadre de notre série sur la psychologie du pari, nous explorons le "biais de rétrospection", que l'on appelle aussi le biais du "tout savoir". Il s'agit de l'un des biais cognitifs les plus étudiés et les plus courants en psychologie. Il s'applique à tout, des paris sportifs aux diagnostics médicaux en passant par la stratégie de campagne!
Nous vous présentons la définition, les raisons de son importance, son lien avéré avec les paris sportifs et la manière dont les parieurs sportifs peuvent traduire la connaissance de ce biais cognitif en un pourcentage de gain plus élevé. Lisez la suite pour commencer à parier comme un " pointu " et comprendre les biais cognitifs qui affectent votre processus de prise de décision.
Que signifie le biais rétrospectif ?
Le biais rétrospectif, c'est lorsque les gens regardent les événements passés et croient qu'ils étaient plus prévisibles qu'ils ne l'étaient réellement au moment où ils se sont produits.
Vous avez certainement entendu quelqu'un se vanter d'une décision, d'une prédiction ou d'un pari sportif réussi après coup. Nous appelons ces personnes les "quarterbacks du lundi matin". En fait, nous utilisons ce surnom informel pour décrire un phénomène psychologique très étudié qui affecte nos prises de décision : le biais de rétrospection.
Le danger du biais de rétrospection est qu'il conduit souvent les gens à penser que les événements sont plus prévisibles et probables qu'ils ne le sont en réalité, ce qui les amène à simplifier à l'excès les causes d'un événement.
Exemples typiques de biais de rétrospection :
Nous ne savions en fait pas tout depuis le début comme nous le pensions. Nous avons l'impression de l'avoir toujours su, mais après coup.
Les différents types de biais de rétrospection
Il est important de noter que le biais de rétrospection comporte certaines nuances. Les psychologues Roese et Vohs ont proposé trois niveaux différents de biais de rétrospection:
Les origines du biais de rétrospection
L'ensemble du domaine de la psychologie des biais cognitifs (comme le biais de rétrospection) est relativement récent. Le biais de rétrospection est peut-être le plus courant des biais cognitifs et a été étudié de manière exhaustive et confirmé par des expériences scientifiques rigoureuses.
En 1972, Daniel Kahneman et Amos Tversky, respectivement psychologue social et économiste comportemental, ont découvert ces failles dans la prise de décision humaine qui faisaient agir les gens de manière irrationnelle. En bref, ils ont démystifié la notion selon laquelle les êtres humains prenaient des décisions sur la base d'une évaluation rationnelle des faits disponibles et de leur objectif déclaré. Au lieu de cela, ils ont découvert que les gens faisaient régulièrement des erreurs basées sur un mauvais jugement qui était hors de leur contrôle.
L'étude la plus célèbre sur le biais de rétrospection a eu lieu en 1991. Dans cette étude, des étudiants du Calvin College ont été chargés de prédire comment le Sénat américain voterait sur le candidat à la Cour suprême Clarence Thomas. 58% des étudiants ont correctement prédit qu'il serait nommé. Cependant, une semaine après la confirmation de Thomas à la Cour suprême, on a demandé aux étudiants de se souvenir s'ils avaient précédemment prédit la nomination de Thomas.
Un énorme 78% des étudiants ont répondu qu'ils avaient correctement prédit sa nomination ! Cela représente plus de 20 % des répondants reformulant leur prédiction avec le bénéfice du recul. Brink et Bolt ont produit des preuves irréfutables du biais de rétrospection dans leur étude historique.
Comment le biais de rétrospection s'applique-t-il aux paris sportifs ?
Thomas Gilovich, professeur de psychologie à Stanford, a voulu comprendre pourquoi tant de parieurs sportifs s'en tenaient à des stratégies perdantes dans leurs paris sportifs. Il en est ressorti avec une réponse simple : le biais de rétrospection.
En examinant comment les parieurs percevaient un match de football gagné par un coup de chance total (c'est-à-dire un appel manifestement mauvais de la part d'un arbitre qui a eu un impact sur le résultat final), il a constaté que les gagnants et les perdants n'auraient pas changé leurs paris. Les gagnants attribueraient le résultat à leur brillante clairvoyance, tandis que les perdants blâmeraient le mauvais résultat. Avec le bénéfice du recul, aucun des deux groupes n'a considéré ses paris comme incorrects.
Le biais de rétrospection a empêché les gagnants et les perdants d'analyser leur stratégie de manière claire et rationnelle. Les parieurs gagnants étaient prompts à croire que leurs paris étaient réussis parce que leur processus de prédiction du résultat était solide. Ils attribuaient rarement leur succès à la chance. En revanche, les parieurs perdants étaient prompts à blâmer la malchance, mais ils remettaient rarement en question leurs processus et stratégies de pari.
Preuve supplémentaire sur le biais de rétrospection
Dans une deuxième expérience, Gilovich a cherché à déterminer si les résultats des paris passés (décidés par hasard) avaient un impact sur les paris futurs.
Il a réuni le même groupe de parieurs et leur a demandé de parier sur un match de football à venir. Avant de placer leurs paris, Gilovich a rappelé aux participants les résultats du match de football sur lequel ils avaient initialement parié.
Il a constaté que, lorsqu'il rappelait aux gagnants leur résultat chanceux (et aux perdants leurs résultats malchanceux), cela réaffirmait leur stratégie de pari. Les gagnants s'en tenaient à la même stratégie, et les perdants aussi, croyant qu'ils avaient juste eu de la malchance auparavant.
Gilovich a contribué à prouver que le biais rétrospectif peut absolument avoir un effet sur les paris futurs, ainsi que sur la façon dont nous considérons nos paris passés. Le biais rétrospectif peut souvent amener les parieurs à devenir trop confiants dans des stratégies de pari défectueuses, soit en attribuant les pertes à une simple malchance, soit en n'attribuant pas les gains à la chance.
Comme tout autre groupe de personnes, le biais rétrospectif rend les parieurs réticents à admettre qu'ils se sont trompés.
Pourquoi le biais rétrospectif est-il important ?
Le biais rétrospectif est important car il obscurcit notre jugement. Lorsque nous ne sommes pas conscients de ce qui nous retient, cela entraîne toute une série de problèmes dans nos processus de prise de décision.
Une personne sujette au biais rétrospectif peut avoir un faux sentiment de supériorité. Elle peut croire qu'elle est plus intelligente qu'elle ne l'est réellement. Être trop sûr de soi peut conduire à prendre des décisions peu judicieuses et mal informées qui peuvent avoir des conséquences désastreuses. Un mouvement risqué basé sur un sentiment de confiance mal fondé peut anéantir rapidement votre bankroll.
Comment intégrer le biais de rétrospection dans vos paris
Lorsqu'ils posent des paris, les parieurs sportifs qui réussissent sont clairs dans leur processus de décision. Ils accordent le même poids aux gains chanceux et aux pertes malchanceuses car ils comprennent que, dans les paris sportifs, la chance peut rapidement tourner dans les deux sens. Les biais cognitifs nous éloignent d'un chemin clair et rationnel, nous devons donc développer un système efficace et cohérent pour parier.
La première étape est de savoir ce que c'est, et comment cela peut obscurcir votre jugement. Soyez honnête avec vous-même sur les raisons pour lesquelles vous avez pu gagner ou perdre un pari. Soyez aussi objectif que possible, et supprimez autant de subjectivité que possible du processus d'évaluation de vos paris.
Voici quelques conseils utiles pour y parvenir :
Pour commencer, vous pouvez soit consulter le guide des parieurs sportifs débutants, soit nos explications détaillées des stratégies de pari les plus pointues.
